lundi 8 novembre 2010

Un autre lieu : Noailles

C'est déjà ailleurs. Pourtant, ici, tout semble être prévisible et même anti-ailleurs : Noailles, quartier au centre, au milieu de Marseille, collé à la trop célèbre Cannebière, voisin du trop connu Vieux port. Tout est identifiable.
Impossible de se perdre ou même de douter.
Et pourtant si. Il suffit d'un petit pas de côté, le même que l'on ferait n'importe où, à Aix par exemple, pour passer d'une rue à une autre, pour esquiver quelqu'un qui vous arrive droit devant, un petit pas, rien de bien méchant, mais là, il se passe autre chose, ce n'est plus l'air du port qui emplit les narines mais une odeur forte, tantôt séduisante, tantôt à vous retourner le cœur, on change de décor, un autre monde déroule son tapis. Un petit pas. Et on n'a même pas besoin d'ôter ses chaussures.
Welcome to Noailles.
On ne voit plus rien. Cannebière et Vieux Port : adieux.
Alors c'est des dates, des bananes, des figues de barbaries, des oranges à moitié prix sur des cagettes renversées, des mecs un peu louches qui discutent là au coin de la rue, on encore la boucherie au néons blafards mais qui propose des morceaux de viandes alléchants.
« Je voulé croire ». Je photographie ça à l'angle d'une rue, juste avant de replonger dans l'ambiance du quartier, calfeutrée et suintante de vie. Je parle avec les deux gars qui tiennent un stand devant le graffiti. C'est plutôt Boualem, notre compagnon de route qui parle. D'abord en arabe. Les portes s'ouvrent. Puis en français quand je suis là.
Qui a écrit ça? Des mecs des banlieues me répond un des deux vendeurs. Moi, je comprends pas cet écrit. Ah, vous êtes de la fac? Ma femme devait y rentrer, elle a une licence de Science Po passée en Algérie...
Combien de langues avons-nous entendu cet après-midi? Mais chaque fois la magie opère : il suffit de parler français pour qu'une conversation s'engage immédiatement dans un français impeccable. A vous faire douter que vous venez d'entendre une autre langue!
Qu'ai-je ramené pour l'instant de Noailles? Ouvrons mon sac : deux tablettes de chocolats Milka (Caramel et Praliné) à un euro pièce, du gingembre confit (j'adore ça) et des dattes. Et des photos, des portraits...à venir bientôt sur le site.
Ah oui, il y a aussi ça, cette odeur et cette lumière, diffuses toute deux, entremêlées et se démêlant à l'intérieur et donnant cette étrange sensation d'avoir été si loin sans s'être éloigné du vieux port!

Laissons décanter maintenant la matière. On verra plus tard ce qui viendra.

3 commentaires:

  1. Thib le poète et le romantique !
    Très bien écrit ton compte rendu...

    Est-ce que tu comprends quand on te parle projet, planning, objectif ?
    Une contradiction : gérer un projet d'ethnologie ?

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  2. Quel style... très lyrique et très poétique à la fois. J'ai aussi vu les premières photos: une belle matière captée par un regard curieux et décentré. Il me semble qu'on entre bien dans l'ethnologie! Merci Thibaud!!

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  3. Thibo tu' m'a remis à nouveau à Noailles ,style assez remarquable ,je pense qu'on vient de comprendre le fameu concepte(éthnologie) que nous a initié M.Springer.

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